Mais avant de vous en faire part, je tiens à résumer mes interventions des cinq derniers billets à ce sujet.
– Les Genevois ont toujours demandé à pouvoir traverser. L’incurie de nos élus et des périodes de vaches maigres ont réduit à néant des travaux conséquents qui ont coûté bonbon.
– Le projet de traversée de la rade proposé par l’initiative 152 de l’UDC a été torpillé par la droite pour des raisons de politique politicienne et pour satisfaire le Conseil d’Etat du moment qui misait un peu naïvement sur un financement par la Confédération.
– Le TCS et les milieux économiques sont restés cohérents en défendant les deux variantes (urbaine et périurbaine) mais se sont résignés au pragmatisme en se rangeant avec les gagnants pour respecter la volonté populaire.
– Depuis 1996 avec le refus d’un pont ou d’un tunnel, soit près d’un quart de siècle, les autorités ont investit massivement dans le développement des transports en commun (TC) à l’exception de l’autoroute de contournement (325 mio à la charge du canton) et la route des Nations (150 mio), pénétrante importante qui arrivera nulle-part.
– Les prévisions de l’augmentation programmée des transports individuels motorisés (TIM) ont été largement dépassées malgré le développement des TC, si rien n’est fait la ville va se paralyser.
– Dans le meilleur des cas, le Léman Express devrait permettre une diminution de 15 % des TIM qui ne compense pas la progression mesurée.
– Les TIM seront encore là dans les prochaines décennies même si leur moyens de propulsion seront silencieux et non polluants. Les infrastructures restent indispensables mais l’accent doit être mis sur les tangentes plutôt que les pénétrantes.
– La dernière votation par le Grand-Conseil de n’accorder qu’une première tranche de six millions au budget d’étude, devisé à plus de cent millions, condamne le projet de traversée autoroutière du lac avant le milieu du siècle.
– La traversée autoroutière du lac est un luxe inaccessible destiné au trafic international de transit qui n’aura qu’une incidence mineure sur le blocage de la ville.
– La solution provisoire du U lacustre, espèce de semi-autoroute au coeur de la ville, est une aberration qui condamne la rade pour les décennies à venir.
– La réalisation du programme par la direction générale des transports (DGT) avant la réalisation d’une traversée provoquera inévitablement le blocage permanent de la ville.
– Idéalement, si nous en avions les moyens, nous réaliserions le bouclage des trois ceintures. La petite par un tunnel entre la rue de la Scie et la rue des Alpes (Trachsel), la moyenne que je préconise en urgence entre Malagnou et Nations, et la grande prévue par le Conseil d’Etat entre la Pallanterie et le Vengeron.
– Le projet de bouclage de la moyenne ceinture correspond aux impératifs liés à la mise en oeuvre du plan directeur « Mobilités 2030 » et de la Loi pour une mobilité cohérente et équilibrée (LMCE) à l’horizon 2030. Sans lui le chaos est programmé.
– La traversée hybride permet le bouclage du Léman Express entre la gare des Eaux-Vives et la gare de Sécheron, doublant sa capacité et son efficacité.
– La réalisation du bouclage de la moyenne ceinture permet de rendre la rade aux Genevois, le pont du Mont-Blanc à la mobilité douce (plus besoin de passerelle piétonne) et la fermeture des Eaux-Vives et des Pâquis aux TIM. Ou du moins la mise en zone 20 avec priorité piétons afin de permettre l’accès aux livreurs et aux garages des particuliers.
– Ces mesures d’accompagnement sont presque aussi importantes que l’ouvrage en lui-même et proposent une révolution radicale qui répond efficacement aux orientations et à la redéfinition des zones, la priorisation des TC et la pacification des quartiers.
Tout cela a un coût que les finances du canton ne permet pas d’envisager. Pourtant il y a un moyen simple et efficace pour financer l’ensemble des projets : Le péage urbain.
Je suggère donc non pas de faire payer la traversée mais d’instaurer, sur le modèle de Londres, un péage automatique qui corresponde aux deux ceintures avec progression des tarifs. Ainsi, à chaque fois que l’on quitte le périphérique de la moyenne ceinture pour entrer dans la ville tous les TIM participent à l’effort et pas seulement ceux qui traversent. Le passage de la petite ceinture pour accéder à l’hyper-centre devrait être particulièrement dissuasif avec des tarifs conséquents et proportionnels à la taille et la puissance des véhicules (Scooter/4 x 4).
La notion de péage urbain fonctionne partout où ces dispositifs ont été introduits. Le Conseil fédéral voit cette option d’un bon oeil, notamment dans son souci d’assurer le fonds FORTA qui sera mis en péril lorsque les taxes sur les carburants fonderont avec le développement des véhicules électriques. Le Grand Conseil devrait prochainement rendre son rapport sur une étude approfondie pour Genève.